mercredi 14 novembre 2007

Immigration : réponse à une juge en colère

agoravox.fr
Dans Le Point du 19 juillet 2007, une juge administrative, interrogée sous couvert d’un pseudonyme par Elisabeth Lévy, a "tiré la sonnette d’alarme" face aux réformes successives des lois sur l’entrée et le séjour des immigrés en France qui, incohérentes, encouragent in fine une immigration d’assistanat au détriment de l’immigration de travail ou d’asile politique. En effet, d’après elle, "le droit à une vie familiale normale", sur lequel se basent la plupart des régularisations, est détourné de sa vocation première par les immigrés, le législateur et la justice, ce qui aboutit à des effets pervers inquiétants.

Faire des enfants en France, avant même d’y avoir des revenus suffisants pour s’en occuper, s’avère ainsi le meilleur moyen d’être régularisé, ce qui va à l’encontre de toutes les pratiques en cours dans les sociétés, modernes comme traditionnelles, où on commence d’abord par se former, travailler, avoir un toit, etc. avant de procréer. En somme, une génération d’enfants instrumentalisés, "prétextes à régularisation", est en train de naître, et cette situation n’est pas prête d’être redressée par les récentes réformes. Pour Marie Dumes, pseudonyme de la juge administrative, elles vont seulement pénaliser les étrangers en situation régulière avec des revenus suffisants qui veulent faire venir leur famille, alors que ce regroupement familial ne représente que 10% des titres de séjour accordés pour raisons familiales.

Voilà une démonstration plutôt juste et bien construite, pense-t-on une fois la lecture faite. Mais pourquoi, alors, se sent-on aussi mal à l’aise, à l’instar, semble-t-il, d’Elisabeth Lévy qui fait soudain remarquer à son interlocutrice "[qu’]on ne va pas interdire aux immigrés en situation irrégulière de faire des enfants", "[ni] obliger les femmes à prendre la pilule" ?

À la réflexion, ce malaise est largement justifié par la rhétorique et le vocabulaire employés, qui ont l’air extraits de discours politiques. Est-ce un hasard si la phrase "[depuis 1974] nous avons découragé l’immigration de travail et encouragé l’immigration d’assistanat" rappelle étrangement la récente campagne présidentielle ?