vendredi 7 septembre 2007

Pascal Bruckner et le double piège du fanatisme

Le philosophe français Pascal Bruckner estime que "face au fanatisme, les démocraties disposent bien sûr de la force militaire et policière. Mais leur arme principale reste la douceur de leurs moeurs et leur vigueur intellectuelle : à l'ardeur des insensés, opposer l'ironie, l'incrédulité, la réfutation, mener partout la guerre des idées, encourager les modérés en isolant le noyau des kamikazes, prôner une gestion rationnelle des périls sans les minimiser ni les surestimer, offrir aux jeunesses désœuvrées l'issue autrement exaltante de la réussite individuelle, de l'enrichissement, de la solidarité. (...) Le refus de l'obscurantisme violent est une perpétuelle victoire sur nous-mêmes, sur notre lâcheté comme sur notre férocité essentielle. Les fanatiques nous tendent un double piège mortel : leur céder ou leur ressembler."(...) A tort ou à raison, nous associons le fanatisme à l’esprit religieux, c’est-à-dire à l’autorisation de tuer son prochain au nom du Seigneur. Issu du latin fanaticus, serviteur du temple, le substantif, dans son acception moderne, est inventé par Voltaire qui écrit en 1764 dans son Dictionnaire philosophique : « Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère.(...)

Le Soir (Belgique)