samedi 30 juin 2007

Affaire Salman Rushdie : ce que l'Occident ne veut pas comprendre

lefigaro.fr Par Ayaan Hirsi Ali.
Imaginez une foule d'Anglais manifestant à Londres, brandissant des calicots à l'effigie de Muhammad - la paix soit sur lui - portant des exemplaires du Coran, des reproductions de la Kaaba de La Mecque et des drapeaux saoudiens. Imaginez-les en train de dresser un bûcher et d'y précipiter ces objets un par un, vociférant « Longue vie à la reine » à chaque fois que le brasier repart.
Ce serait l'équivalent de ce qui vient de se dérouler dans la ville de Multan, située dans la partie orientale du Pakistan, où des étudiants, adeptes d'une ligne dure de l'islam, ont brûlé des panneaux à l'effigie de la reine Élisabeth et de Salman Rushdie en criant : « Tuez-le, tuez-le ! » en réponse à la récente élévation de l'écrivain au titre de lord.
Ce genre de foule enragée s'observe rarement dans le monde occidental moderne (exception faite des hooligans lors des matchs de football). Mais elles sont devenues monnaie courante dans le monde musulman chaque fois qu'un pape, un caricaturiste ou maintenant une reine franchit une ligne mouvante tracée par les forces de l'intolérance... L'Ouest ne doit rien céder d'un pouce sur sa position. Il doit plutôt demander des comptes aux gouvernements qui, comme celui du Pakistan, encouragent ces actes barbares et soufflent à l'occasion sur le feu. Les États-Unis et la Grande-Bretagne doivent exiger que le ministre pakistanais des Affaires religieuses, Mohammed Ijaz ul-Haq, démissionne pour avoir déclaré au Parlement d'Islamabad : « L'Occident accuse les musulmans d'extrémisme et de terrorisme. Ce serait justice qu'un kamikaze s'y fasse exploser, sauf si le gouvernement britannique présente ses excuses et retire son titre de lord à Salman Rushdie. »