Par Michel BEDU l'express dimanche.
Extraits -"Rien que l’expression déjà pose une énigme : à quoi peut ressembler une pensée humaine qui serait une et indiscutable ? Nous vivons des temps étranges. Alors que l’Humanité n’a jamais été aussi diversifiée, complexe, aléatoire, « On » voudrait nous imposer, à nous, habitants de cette planète, sollicitée par de multiples interrogations, débats de toutes sortes, un mode d’évaluation unique, sorte de « mètre étalon » de la décision, quant à nos choix de société.
Cela a commencé avec le « politiquement correct », une sorte de nettoyage, de décoloration du vocabulaire... Des mots sont devenus interdits d’usage – non qu’ils fussent injurieux, mais trop exacts et précis. Ce qui a donné lieu à un charabia vague et ridicule, heureusement peu employé. Il ne suffit pas d’imposer un terme aux usagers, encore faut-il qu’il « prenne », comme on le dit d’une sauce, ou d’un plâtrage... Cette « political correctness » a tracé le passage à un certain nombre de comportements censurés, qui déchaînent la fureur d’associations diverses qui vivent d’attaquer, de dénoncer tel ou tel manquement à cette police d’un nouveau genre... Cette impérieuse inquisition a poussé à la nouvelle manie de la « repentance », obligés que nous sommes d’implorer pardon pour des péchés que nous n’avons pas commis... Toutes ces nouvelles censures sont les produits de la pensée unique, réglée en grande partie, sur les préceptes moraux... On sait bien par où commence tout totalitarisme — l’Histoire nous en a cruellement instruits — cela commence par l’interdiction d’agir (librement) et finit par l’interdiction de penser (librement)... En maints domaines, s’installe ce constat que faisait récemment A. de Benoist : « Il n’y a plus d’idées justes ou fausses, mais des idées conformes, en résonance avec l’esprit du temps, et des idées non conformes, dénoncées comme intolérables. »"