mardi 12 juin 2007

Le bloc-notes d'Ivan Rioufol

Identité nationale : de pesants tabous
le 25 mai 2007 lefigaro.fr
Extraits ... Le désastre éducatif, par exemple. Comme l'explique Michel Ségal, professeur de collège en ZEP (Le Figaro, 19-20 mai) : « Il y a longtemps que l'école refuse de transmettre aucun modèle. » ...
des réflexes de droite honteuse demeurent... Les historiens de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration (qui dénoncent un « amalgame » dans le ministère de l'Immigration et de l'Identité) : « il n'est pas dans le rôle d'un État démocratique de définir l'identité ». Ils contestent que l'immigration puisse être un « problème » et laissent comprendre que ceux qui le pensent sont xénophobes et nationalistes : des accusations qui ont rendu impossible de débattre du nouveau peuplement de la France - cette « recomposition du paysage humain » qui enchanta en 2005 l'écrivain Tahar Ben Jelloun - sauf pour s'en réjouir et l'encourager.
Or, ces immigrationnistes ont leur part dans la crise identitaire, née notamment d'une intégration asphyxiée. Si l'immigration a été une chance pour la France et a sa place dans son histoire, elle est devenue, pour partie, un risque. Il se lit, dans les cités, dans la multiplication du port du voile, symbole assumé d'un séparatisme ethnico-religieux. Plutôt que de donner toujours raison aux idéologues de l'homme nouveau, ne serait-il pas temps de les confronter aux tensions qu'ils sèment ?
Exemplaire Rachida Dati.
La nomination, plébiscitée par l'opinion, de Rachida Dati au ministère de la Justice, rappelle que la nation sait faire confiance aux compatriotes issus de l'immigration maghrébine, pourvu qu'ils en acceptent les lois, la laïcité, le mode de vie. Une majorité d'entre eux adoptent ces exigences communes. Ils participent à l'enrichissement de l'identité nationale, comme le firent les Européens au siècle dernier. Subissant trop souvent la méfiance liée à leur nom, ils devraient d'ailleurs être davantage mis en avant.
Mais quand le MoDem de François Bayrou, réuni hier soir à Paris, choisit de parrainer le judoka Djamel Bouras dans la 2e circonscription de Seine-Saint-Denis, c'est le communautarisme qui est cautionné. Bouras avait déclaré, lors d'une manifestation contre l'interdiction du voile à l'école : « Je demande aux gens qui me ressemblent de créer leur communauté. Comme ça, on aura nos avocats, nos juges, nos politiques » (bloc-notes du 23 janvier 2004). Soutien inconditionnel de la cause palestinienne et de ses bras armés, il lie ses revendications à ses origines.
Le choix de Bayrou pour le multiculturalisme, qui lui a fait dénoncer l'« obsession de l'identité nationale », trouve ici ses limites.