[...] En fait, le livre de Zemmour ne parle pas essentiellement du nouvel antisémitisme, même si celui-ci lui sert de toile de fond। C'est plutôt une attaque en règle contre les professionnels de l'anti-racisme qui, consciemment ou non, ont selon lui favorisé la "tribalité" française, le repli sur soi, le communautarisme, appelez cela comme vous voulez। Le résultat est une insupportable atteinte à la sacro-sainte laïcité chère à la République, seule capable, toujours selon Zemmour, d'éviter les guerres civiles, si fréquentes dans l'Hexagone। En gros, les anti-racistes ont clamé sur tous les toits que la France était raciste, fasciste et lepéniste। Les jeunes beurs en ont déduit qu'ils ne peuvent en aucun cas s'intégrer ou s'identifier avec cette République hypocrite qui les rejette। Les Islamistes n'avaient plus alors qu'à se baisser pour rafler la mise et les guerres entre communautés ont éclaté। "Dieudonné est le fils monstrueux qu'auraient eu Serge Klarsfeld et Julien Dray" va jusqu'à faire dire Zemmour au narrateur...
Que l'on soit d'accord ou pas avec l'acte d'accusation dressé par le procureur Zemmour contre la mouvance anti-raciste des années 80, il est clair que les règles du jeu pour la communauté juive française ont définitivement changé. Finie l'époque où, "heureux comme Dieu en France", les Juifs pouvaient se permettre quelques entorses au règlement rigide de la laïcité. Clermont-Tonnerre avait dit: "il faut tout accorder aux Juifs en tant qu'individus, rien en tant que nation". Jusqu'à la guerre, les Juifs ou plutôt les 'citoyens français de confession israélite', avaient parfaitement joué le jeu. Ils en avaient bien volontiers accepté les règles. Mais, après la Choa et la création de l'Etat Juif, ils s'enhardirent. Ils obtinrent de manger casher à l'armée, de reporter un examen universitaire tombant shabbat ou kippour ou d'arborer fièrement le drapeau israélien dans la rue ou lors de cérémonie commémorative à la synagogue. La France officielle tolérait ces légers 'manquements', soit par mauvaise conscience après Vichy, soit parce que le judaïsme connu pour sa réticence à tout prosélytisme, ne semblait dangereux pour personne. Mais l'arrivée massive des "blacks" et des "beurs" remit tout en cause...